25 juin 2013

Comprendre les mécanismes d'hypnose et faire progresser l'autre ?

L'hypnose désigne un état modifié de conscience.
Il s'agit ici de présenter des techniques permettant de modifier un état de conscience d'une personne par l'expérimentation en quelques exercices.

Exercices pour prendre conscience de l'effet de techniques simples
Expérimentez ces exercices et faites-vous votre propre idée.

Exercice 1:
Une personne A se concentre sur une situation précise à champ réduit (lire, faire du vélo) et communique cette situation à B en nommant cette situation d'un seul mot.
A ferme les yeux et fait semblant d’être sous hypnose. B décrit en terme sensoriel ce qu'il pense "nécessaire". B formule deux phrases et note les réactions de A pendant quelques minutes.
Les réactions vécues de A durant l’expérience sont ensuite recueillies.

A indique parfois plonger plus profondément car il est sensible à la phrase, et des fois il remonte à la surface car il ne fait aucun lien, s'il y a étonnement ou confusion. Ce qui peut faire sursauter A sont des mots sans base sensorielle.
 
L'hypnose est un état modifié de conscience, tout est question de sensibilité.
 
Exercice 2:
C'est le même exercice que l'exercice 1 mais en formulant exclusivement des phrases "nécessaires à l’expérience sensorielle" en parlant sur un rythme constant en phase avec la respiration de l'autre.
B constate en général que la modification de son propre comportement, en phase avec celui de A, induit un mécanisme de "bio-feedback", une communication interpersonnelle.
Le but de l'hypnose n'est pas de contrôler les gens, c'est un moyen de leur donner plus de contrôle sur eux-mêmes via un retour d'information, le feedback.
Ce qui est important n'est pas ce que l'on dit, mais comment on le dit. Les êtres vivants réagissent et ce qui est important est comment et à quoi. L'objectif de l'hypnose est de savoir à quoi les gens réagissent naturellement.
Il faut d'abord établir ce que l'on appelle le "rapport", la synchronisation des comportements.
Pour établir le rapport, il faut commencer par des informations sensorielles et ensuite utiliser des transitions pour entraîner des états modifiés.
Les transitions à utiliser sont des mots comme "alors", "comme", "quand", "parce que", "mais", "pendant", "en ce moment", ...
Le principe consiste à relier un sentiment vécu de l'autre pour rendre la suggestion plus crédible.
Certains pensent que l'hypnose est un outil pour se mettre en méta-position, c'est a dire de contrôler. Mais ce n'est pas un moyen de persuasion. On pourrait dire que c'est plutôt un moyen d’être convaincant ou bien d’être plus naturel.
La signification de la communication, c'est avant tout la réaction générée chez l'autre et non ce qu'il en pense.
Mais que peut-on faire sous hypnose ? La vraie question est plutôt: comment utiliser l'hypnose pour faire se que l'on veut faire ?
L'hypnose n'est pas une fin en soi, c'est avant tout un ensemble d'outils et de procédures à savoir appliquer convenablement pour modifier l’état de conscience de quelqu'un.
 
Exercice 3:
C'est le même exercice en démarrant par 3 phrases de synchronisation décrivant les éléments contextuels du moment présent, vérifiables ("vous êtes assis les yeux fermés", ...).
Apres une transition, il s'agit d'affirmer quelque chose de non vérifiable, état dans lequel on souhaite amener l'autre ("vous vous détendez peu à peu").
Il s'agit ensuite de continuer en changer brusquement un élément: le ton, le rythme, la respiration, une phrase sans cohérence, puis observer le comportement induit. On peut réitérer en enlevant également les mots transition. Les observations du visage de l'autre constitue le feeback.
Cette manière de procéder amplifie le processus.
Enfin comment sait-on si l'autre est entré dans un état de transe ? En général le visage devient asymétrique dans un premier temps puis par le relâchement musculaire devient progressivement symétrique. D'autres signes comme de petits mouvements oculaires ou musculaires involontaires, des rougeurs ou changements du rythme respiratoire sont des moyens de détecter un état modifié.
 
L'hypnose est bien une méthode de changement d’état de conscience.
 
Autres techniques
 
Inductions simples
Pratique de synchronisation et guidage verbal progressif 54321: le principe consiste à partir de 4 affirmations sensorielles (externes et vérifiables) et une affirmation interne non vérifiable. Puis on passe à une configuration 3+2, 2+3, 1+4.
 
L'utilisation du présent progressif assure des transitions plus fines.
 
Synchronisation et guidage non verbal
Il s'agit d'avoir un comportement qui va induire le comportement de l'autre grâce à un effet miroir. Cette synchronisation inconsciente peut ainsi amener l'autre à se détendre et passer dans un état de conscience modifié. Le regard, la respiration, les positions du corps sont les moyens pour y parvenir.
 
Changements de canaux de représentations
Les canaux de représentations sont essentiellement la vue, l'audition et le toucher. Le goût et l'odorat sont des canaux peu importants pour exprimer une représentation globale de l'extérieur en général.
Dans cette pratique, il s'agit d'écouter l'autre, de détecter son canal (dans son état normal) et se synchroniser dessus en utilisant le même (visuel/visuel par exemple). Ensuite essayer des changements vers d'autres canaux (kinesthésique ou auditif dans ce cas) pour établir et maintenir le rapport, en vérifiant la congruence de la relation régulièrement (les yeux, la couleur de la peau, le tonus musculaire, la respiration, le corps).
Exemple: "en observant les nuages, vous sentez l'air frais sur votre visage".
 
Moyen mnémotechnique:
En "verbe"+ant (synchronisation), vous "verbe+complément" (guidage).
 
Le principe de ce type d'induction consiste donc en synthèse à connaître le canal externe de l'autre comme canal de synchronisation, de le maintenir avec 5 affirmations sur ce même canal, puis de faire un enchaînement vers un autre système.
 
Transe antérieure
Il s'agit de demander à l'autre s'il déjà vécu une expérience de transe personnelle et de lui demander de la commenter. On peut ainsi progressivement s'introduire pour prendre la main.
 
Transe naturelle
Il s'agit de faire appel à une situation de transe vécue d'une personne, de lui faire se la rappeler pour implicitement la replonger dans un état de transe par analogie.
 
Voici quelques exemples connus (transe somnanbulistique):
  • un voyage (conduite, train)
  • une conférence
  • l'église
  • la télévision
  • l'ascenseur
Ces situations entraînent de la détente, de la solitude, la sérénité et des cycles répétitifs. L'idée consiste donc à guider l'autre dans ce type de situation et une fois l'état modifié, il est possible de commencer à travailler avec le sujet.
Ces exemples dits de régression peuvent entraîner des transes profondes. Une définition de l'état de transe est de séparer l'autre du présent.

Exercice 4: (réalisé en groupe de trois)
A induit un état parmi l'un des 5 sur B.
C se place en méta-position, observe et note les phrases de A et les réactions de B, efficaces ou parasites. Un feedback de fin sert de debriefing.
 
En synthèse, vous connaissez maintenant 5 inductions simples:
  • synchronisation et guidages verbaux
  • synchronisation et guidages non verbaux
  • changement de représentation
  • état de transe antérieure
  • état de transe naturelle
 

20 juin 2013

Le coaching, ce qu'il faut retenir

Le coaching se développe fortement depuis une dizaine d'années en France. Il pénètre progressivement le monde de l'entreprise car les enjeux sont comparables au monde sportif où la compétition, la recherche de l'excellence et l'amélioration des performances règnent. Il s'agit de favoriser un environnement de croissance et d'optimisation du potentiel de la personne.
L'intervention de coaching vise avant tout à développer une stratégie d'action, portée par une méthode et des outils. Cette stratégie prend appui sur les attentes du client.
Le coaching en milieu professionnel est un processus d'accompagnement d'une personne ou d'un groupe avec comme objectif d'augmenter le potentiel des individus. Cela suppose que le coaché possède les compétences, le coach étant un catalyseur mobilisant les énergies, un facilitateur de changement.
Le mot coach vient de "cocher", le cocher étant la personne qui conduit la voiture tirée par des chevaux, c'est le "guide" qui conduit le passager du point A vers un point B.
Mais le mot coaching prend aussi comme sens "accompagner", "entrainer" ou "motiver".
La raison d'être du coaching vient d'un besoin d'une aide extérieure face à des difficultés ou interrogations, parfois d'échapper à la solitude pour des dirigeants.
Le premier objectif de l'intervention du coach est de créer un espace de confiance et de partenariat.
En second, c'est la capacité du coach d'identifier les enjeux du coaché.
Enfin, c'est la stimulation provoquée par le coach.

L'enjeu du coaching est de dépasser et de s'écarter de la zone de confort du coaché pour le faire accéder à de nouveaux comportements, savoirs qui génèrent le progrès.
Mais attention, le coaching n'est ni conseil, ni formation, ni thérapie.
En effet, les deux premiers ont une nature de transfert de compétence ou de technologie, une relation de type client/fournisseur. Le troisième accède à des informations plus profondes, psychiques et personnelles alors que le coaching s'adresse à la dimension professionnelle. Le coaching a d'ailleurs un impact plus ponctuel.

Le coaching introduit un contexte circulaire entre le coach et le coaché par un effet miroir, au travers d'un relation co-construite: un contrat responsabilise ainsi le coaché dans cette relation.
En synthèse le coaching est un espace de construction de sens.
Paradoxalement, la mission du coach est bornée dans le temps alors même que le coaché accède à des améliorations significatives. C'est la philosophie même de l'intervention que de rechercher une autonomie durable du coaché.

Courants et approches

Zoom sur l'approche systémique:
L'approche systémique émerge de deux courants:
  • la théorie des systèmes qui soutient qu'un groupe agissant en interaction est plus important que la somme des personnes individuellement
  • la cybernétique qui s'intéresse à l'autorégulation et l'apprentissage des systèmes par des processus de traitement et de recyclage de l'information
L'approche systémique est constructiviste et l'acteur est le constructeur de sa réalité.

Zoom sur les thérapies brèves:
L'objectif fondamental d'une thérapie brève est d'accorder une période de temps "timeboxée" (limitée dans le temps) pour résoudre un problème. On se focalise sur la recherche de solution plutôt que d'étudier les sources de problèmes. C'est l'individu qui détient la solution, on cherche à maintenir ce qui fonctionne et on propose le changement à ce qui ne fonctionne pas.
Les méthodes de ce type de théories sont proches des techniques de coaching:
  • définition du problème
  • accord sur les objectifs de résolution
  • mise en œuvre et évaluation
D'autres approches comme l'analyse transactionnelle, la Gestalt ou la PNL se centrent quand à elles sur des valeurs d'autonomie, de créativité et de développement personnel. Des outils sont ainsi utilisables dans le coaching.

Le coach
Dans le cadre de sa relation intersubjective, le coach navigue entre savoir-être et savoir-faire, dans un aller-retour permanent entre processus et contenu.
Son savoir-être se caractérise par sa posture faite de qualité d'être (confiance en soi, sérénité, cohérence interne, positivisme) et de compétences relationnelles qui conditionnent l'interaction.
Son savoir-faire est important, doté d'un nombre important d'outils comme les techniques d'écoute et de questionnement, la capacité de diagnostic, les compétences relationnelles pour analyser le partenariat, les approches cognitives et la préparation au changement.

Le mode d'intervention du coach
Un processus en spirale de 4 étapes (PACS) permet de conduire le coaching:
- description du Problème
- Analyse de la demande
- élaboration d'un Contrat
- recherche de Solutions
La méthode RPBDC (Réel, Problème, Besoin, Demande, Contrat) permet également de mener le coaching en déroulant chaque étape pas à pas.
Il s'agit schématiquement de définir le problème, de fixer des objectifs, de les valider et de travailler sur des solutions.

7 juin 2013

Comment organiser des rituels d'équipes efficaces ?

Dans la gestion d'équipe (moins de 10 personnes), j'ai souvent observé une animation hebdomadaire du responsable.
L'équipe se réunit un jour particulier de la semaine à une heure convenue, en général toujours le même créneau (c'est plus simple à retenir et à planifier), ceci de manière récurrente.
Parfois il y a plusieurs rituels de cette nature avec des ordres du jour différents et une périodicité variables, par exemple:
  • réunion d'équipe hebdomadaire le lundi matin pour faire le point de la semaine passée et sur ce que chaque membre d'équipe prévoit de faire la semaine qui débute, format en général valable pour des activités de vie courante
  • réunion hebdomadaire ou bi-mensuelle pour un pilotage de projet sur une sélection de projet limitée dans l'équipe
  • réunion mensuelle pour piloter les nouvelles demandes entrantes des clients, arbitrer leur prise en compte ou non sous format de CAM (Comité d'Approbation des Modifications) et s'organiser
Plus la "synchronisation" des membres est proche et plus le pilotage est à un niveau de maille fin, donc on se situe sur une maille opérationnelle. Dans les démarches Agiles, les points sont quotidiens d'une durée maximum de 15 minutes (ce format est redoutable et met rapidement en évidence des situations de blocage). 

Zoom sur la réunion hebdomadaire, le syndrome de la réunion
Le format le plus classique est le tour de table personne par personne de manière séquentielle.
Pour les chefs d'équipe mieux organisés et structurés, l'ordre du jour est standardisé et le temps de parole est "timeboxé" (exemple: 5 minutes par personne).
Mais finalement quel est l'objectif de cette réunion ?
La plus part du temps, cette réunion est LA réunion du chef. Du coup, les prises de parole sont des face à face entre le collaborateur et le chef.
Dans ces conditions, il n'est pas forcément simple de tenir la discussion sur les 5 minutes accordés suivant la nature du sujet et si la discussion est animée, il y a de fortes chances que la durée dérape et que les derniers passent leur tour.
Parfois, avec un peu de chance, les sujets évoqués dans la discussion sont utiles pour d'autres personnes de l'équipe. Mais est-ce bien toujours le cas ? Combien de temps à vraie valeur ajoutée chacun va-t-il en tirer à son niveau ?
Alors pour compenser, les ordinateurs portables et autres smartphones ont permis de combler ce trou de 55 minutes "inintéressant" en s'occupant ... autrement. 
Mais, dans ce cas personne n'écoute s'il est concentré sur autre chose ?
Bref, ce n'est pas le format idéal et pourtant il est couramment ancré dans les organisations.
Au fait, ce n'est pas ça la fameuse réunionite ? assister à une réunion de 1 heure et n'être captif que 5 minutes ?
La version avancée s'appelle la réunionite aiguë, c'est un agenda rempli de ces mêmes réunions.

Le bon rituel, au bon moment, avec les bonnes personnes ou l'art de mener des réunions efficaces !
A votre avis, quelles sont les bonnes pratiques ???
La suite à venir ...